Certaines choses sont étranges…
Tenez, par exemple, nettoyer la mémoire de son téléphone... on sait très bien que c’est une bête histoire d’octets qui n’intéresse que les micropuces de l’appareil et surtout qui freine l’IA et les empires numériques dans leurs quêtes vampiriques de données personnelles...
Et pourtant on ressent une sensation de bien-être, comme si, en libérant de l’espace, on balayait d’un coup de brosse moult saumâtres souvenirs.
Lorsqu'on se promène en forêt, la sensation est pareille, mais en mieux, effectuer un repli stratégique dans les territoires de nos origines sylvestres a quelque chose de freudien, mais le fait est que ça procure un bien fou, que ça lessive à haute température les tourments bien incrustés qui nous maculent le corps et l’esprit.
Esther (A.K.A Christelle Stevens) s’est un temps égarée dans ce genre de tourments, pourtant, au fil de ses balades, elle s’est retrouvée...
Et comme elle est artiste (diplômée d’ARTS² en 2002), elle a éprouvé le besoin d’exprimer picturalement son ressenti envers les bienfaits chlorophylliens.
D’exutoire, le cérémonial rassurant s’est mué en inspiration artistique.
Alors Esther a (re)créé…
Mais pas à n’importe quel prix, il fallait que les hasards de la nature y laissent leur empreinte, dès lors, à l’aide de techniques aléatoires telles le monotype, le cyanotype, le gel printing, elle laisse la part belle aux forces bienveillantes des champs et des futaies.
Pour Esther, attendre la finalité d’une œuvre s’apparente à prédire le trajet d’une feuille de chêne qui tombe…
C’est quasi impossible et c’est d’ailleurs là qu’est le charme de la chose.
Chaque tableau, fruit d'une somme incalculable de paramètres (sciemment) peu maîtrisés, est unique.
Une expo automnale, qu’on qualifierait aisément de racinaire tant elle fait appel à nos origines, vous savez, au temps où la vie n’était pas encore un flux violent glorifiant la vitesse et la productivité.
Seule concession à la rêverie toutefois : Les intitulés des œuvres...
Qui ne sont autres que les noms savants des plantes « remaniées »... Une forme de "clin d’œil", en quelque sorte...
Histoire de réconcilier,(si tant est qu’il le faille), botanique et art.
Allez voir cette expo, elle sent la sérénité retrouvée et le compost des sous-bois, elle réactive également dans nos cerveaux formatés d’antiques neurones détenteurs d’insoupçonnables sensations oubliées.
À bientôt ?
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