Avec ses expositions : Les fils invisibles de la mémoire d’Arpy Gokceyan, Regard sur la collection : Tournai 1930–1950 et l’exposition collective R25 issue de la résidence d’expérimentation artistique, TAMAT propose un panorama dense, cohérent et profondément ancré dans ce qui fait l’ADN du lieu : la transmission des savoir-faire textiles, la recherche et la création comme processus, et la mémoire comme matière vivante.

 

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TAMAT : un musée, un atelier, un laboratoire

Installé au cœur de Tournai, TAMAT est un centre de création dédié à la tapisserie et aux arts textiles, avec une collection allant du XVe siècle à aujourd’hui.

On y trouve :

• une programmation d’expositions contemporaines,

• un atelier de restauration actif,

• des actions de médiation scolaire et tout public,

• un centre de documentation,

• et surtout un lieu où le patrimoine textile se confronte en permanence à l’expérimentation.

La mission est claire depuis 1981 : conserver, étudier, valoriser, mais aussi soutenir la création actuelle. La résidence Recherches, devenue aujourd’hui R25, est l’un des piliers de cette dynamique.

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1. Les fils invisibles de la mémoire – Arpy Gokceyan (11.10.25 → 01.03.26)

Lauréate du Prix TAMAT – Tremplin 2024, Arpy Gokceyan investit le musée avec une installation où porcelaine et textile s’entremêlent dans un jeu de superposition entre absence et héritage.

Née à Beyrouth, d’une famille arménienne désormais basée à Bruxelles, elle interroge les gestes transmis entre générations, les silences, les objets qui restent quand les pratiques s’effacent.

La porcelaine comme archive fragile

Machine à coudre, casserole, cadre photo… tous voilés de porcelaine.

À côté, des bobines-toupies tournent doucement, marquées par un fil absent.

On n’est ni dans la reconstitution, ni dans la nostalgie.

On est dans une zone où la mémoire collective prend la forme d’un geste figé. Ce que l’artiste montre, ce n’est pas l’objet : c’est ce que l’objet retient.

Un hommage aux métiers et aux mains

L’artiste vient de lignées où le textile était omniprésent : couturières, tailleurs, crocheteuses, marchands de fil.

Elle redonne à ces gestes une visibilité contemporaine en les transposant dans la porcelaine.

C’est simple, précis, presque silencieux — et c’est ce silence qui parle le plus fort.


2. Regard sur la collection : Tournai 1930–1950 (11.10.25 → 01.03.26)

L’exposition historique du moment met en perspective une période décisive où la tapisserie belge, et particulièrement tournésienne, se réinvente.

Un renouveau porté par trois forces

• L’ouverture internationale des Expositions universelles (notamment en 1937).

• L’enseignement structurant de l’Académie des Beaux-Arts de Tournai, pionnière dans l’enseignement de la haute lice.

• Trois figures clés : Edmond Dubrunfaut, Roger Somville et Louis Deltour, qui repensent la tapisserie comme un art mural engagé.

Forces Murales (1947–1959)

Collectif majeur qui introduit la tapisserie dans l’architecture publique et relie création textile et enjeux sociaux.

Leurs idées influenceront les générations suivantes, jusqu’aux artistes du TAMAT aujourd’hui.

Cette exposition fait le lien parfait avec celle d’Arpy Gokceyan : d’un côté la mémoire intime, de l’autre la mémoire collective.

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3. La résidence R25 — Recherches (22.11.25 → 01.03.26)

Il y a, au TAMAT, une conviction qui traverse les décennies : pour que le textile reste vivant, il faut le mettre entre les mains d’artistes qui n’ont pas peur de le tordre, de l’étirer, de le confronter à d’autres matières ou à d’autres récits. La résidence R25 s’inscrit exactement dans cette logique.

On pourrait dire que c’est un “programme de résidence”. Ce serait vrai, mais réducteur.

R25 fonctionne plutôt comme un territoire d’essai : une année entière offerte à quatre artistes pour chercher sans obligation de résultat, expérimenter sans contrainte, et réinventer le textile à partir des archives, des outils, des espaces et des histoires qui composent le musée.

Initiée en 1981 et repensée au fil du temps, la résidence est devenue l’un des piliers du TAMAT. Elle soutient la recherche là où, ailleurs, on soutient avant tout la production. Ici, on mise sur le processus autant que sur la pièce finale. Peut-être même davantage.

Un accompagnement qui ouvre des portes

Accompagnés cette année par deux regards complices —

Catherine Henkinet (ISELP) et Olivier Reman (Académie des Beaux-Arts de Tournai) —

les artistes résident·es ne travaillent pas dans une bulle. Ils et elles évoluent dans un dialogue constant avec les équipes, les archives, les collections, et surtout avec un patrimoine textile qui, au TAMAT, n’est jamais figé.

R25 n’est pas une résidence confortable : c’est une résidence fertile.

On y passe du temps à chercher, à rater, à recommencer. Et c’est précisément ce terrain mouvant qui rend le programme si important dans le paysage artistique belge.

Une génération qui interroge le textile autrement

La sélection 2025 le montre bien :

Laetitia Bica pousse l’image dans ses retranchements, transformant visages et paysages en présences presque mutantes.

Léo Devaddère & Tom Lombardo, duo jeune mais déjà très affirmé, jouent avec les formats, l’objet, l’installation, comme si l’image était avant tout une question d’espace.

Leïla Pile utilise son propre corps comme unité de mesure : chez elle, le textile devient presque performatif, un outil pour sonder les gestes et leur mémoire.

Manon Sarah Thirriot relie paysages et matériaux : son travail évoque ce qui reste d’un territoire quand on en retire les mots.

Ce qui frappe, c’est que tous et toutes, à leur manière, interrogent la notion même de trace. Trace d’un geste, d’une apparition, d’une ligne, d’un territoire.

Un écho direct au travail d’Arpy Gokceyan… et au cœur du musée lui-même.

L’exposition R25 : un accès à la création en train de se faire

L’exposition qui clôture la résidence n’est pas une “présentation finale”. Elle se vit plutôt comme une immersion dans les coulisses :

des fragments, des tests, des pièces inachevées, des tentatives, parfois des impasses transformées en nouvelles pistes.

On circule dans le laboratoire frontal d’une année de recherche.

Certains musées cachent ce moment. TAMAT, lui, le montre.

Et c’est peut-être là que réside son rôle le plus précieux : rappeler que le textile n’est pas seulement un objet de patrimoine, mais un terrain de jeu, de réflexion et d’innovation.


4. Carnets de Recherches – R25

Chaque année, le travail des artistes-résident·es est rassemblé dans un volume intitulé Carnets de Recherches. Cette publication, qui pourrait passer pour un simple catalogue, est en réalité un prolongement du programme : un lieu où l’expérimentation prend forme par l’écriture.

Pour l’édition 2025, quatre auteur·trices — Julie Crenn, Laurent Courtens, Joséphine Wagnier et Éva Prouteau — se penchent sur les recherches des artistes.

Des voix critiques, engagées, parfois théoriques, parfois sensibles, mais qui ont toutes en commun de comprendre le textile comme un médium qui dépasse la matière.

Ces carnets figent dans le temps quelque chose d’éphémère : le moment précis où une idée bascule, où une forme apparaît, où un artiste trouve (ou perd) une direction.

Ils permettent aussi au public de saisir la dimension intellectuelle et poétique de R25.

En somme, ils sont à la résidence ce que les archives sont au musée : une manière de rendre visible ce qui, autrement, resterait en coulisses.

C’est ce genre de programmation qui fait de TAMAT non seulement un musée, mais un lieu où l’on retourne parce que chaque exposition nous ramène à quelque chose de profondément humain.

Publié le 21 Novembre 2025 par
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Casteleyn Alexandre
Photographe
Vidéaste

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