Cette quatrième et dernière exposition du cycle nous plonge dans l'univers de créateurs qui ont marqué la scène artistique locale et bien au-delà. D'un côté, tu découvriras l'héritage de Péji (Jean Peetermans, 1942-2015), ce dessinateur de presse légendaire qui a passé sa carrière à croquer notre époque avec un humour mordant et libertaire. Antimilitariste convaincu, écologiste avant l'heure, il avait ce don précieux de transformer l'observation du quotidien en poésie visuelle. Ses traits nets et féroces continuent d'inspirer aujourd'hui, et pour cause : ils parlent à notre époque troublée avec une lucidité qui n'a pas pris une ride.
Face à lui, Philippe Decressac incarne cette nouvelle génération qui a su capter l'essence de l'esprit Péji tout en y apportant sa propre patte. Né en 1968, ce caricaturiste a côtoyé son aîné comme un mentor, et ça se ressent dans son travail. Ses traits feutrés cachent une ironie qui se glisse dans chaque dessin comme une respiration naturelle. Son humour social d'une actualité tranchante fait de lui l'un des observateurs les plus pertinents de notre époque. Là où Péji traçait des lignes franches, Decressac préfère la subtilité, mais le message reste tout aussi percutant.
Et puis il y a Bernard Descamps et son univers « Rouge », un monde foisonnant où peinture et illustration se mélangent dans une naïveté assumée qui cache des profondeurs insoupçonnées. En trois couleurs seulement, il compose un carnet de notes d'un quotidien à la fois improbable, banal et profond. Tu y trouveras des sujets difficiles comme la colère, la solitude, la guerre ou la mort, mais toujours contrebalancés par cette capacité à souligner les belles choses de la vie. C'est cette alchimie entre gravité et candeur qui rend son travail si touchant.
Le vernissage s'annonce festif et chaleureux, dans l'esprit Daily-Bul qu'on connaît bien. Philippe Decressac sera présent pour échanger avec les visiteurs, même si Péji et Bernard Descamps ont un empêchement... pas pour les mêmes raisons, précise malicieusement l'organisation. Dès 18h, les expositions ouvriront leurs portes, suivies à 19h par un concert de Bernard Baumans qui profitera de l'occasion pour présenter son nouvel album.
Et parce qu'une soirée culturelle sans bonnes frites, c'est comme un dessin sans chute, des frites mayo seront servies dans de tout petits cornets entre 18h30 et 20h30. Parce que oui, comme le souligne l'équipe, ça les rend bien meilleures, évidemment.
Cette exposition marque la fin d'un cycle mais certainement pas celle de l'esprit qui l'anime. Du rire silencieux de Péji à la verve corrosive de Decressac, en passant par les éclats rouges de Descamps, ces trois artistes illustrent parfaitement ce que le Batia Moûrt Soû a toujours défendu : l'art comme outil de résistance douce, l'humour comme arme de lucidité massive.
Tu n'as pas d'excuse pour rater ça. L'entrée est libre, le soutien solidaire bienvenu, et l'esprit Daily-Bul garantit une soirée où culture rime avec convivialité. Rendez-vous ce jeudi 12 décembre à partir de 18h au Centre Daily-Bul & co pour découvrir trois manières différentes mais complémentaires de penser le monde en quelques traits, lucides, tendres ou irrévérencieux.