L’espace artistique de Pascal Mayeur a quelque chose de paradoxal…
Par exemple, Pascal aime le rouge…
Soit, mais le rouge sang des cardinaux et des empereurs dont il usait dans son projet précédent (*) s’est mué cette fois en un rouge terreux,…
On pourrait croire l’artiste désormais apaisé, fermement ancré dans un sol aride, fut-il écarlate.
Sauf qu’il utilise aussi énormément de bleus, mi-éthérés, mi-aquatiques, teintes immatérielles et évasives en totale opposition à toute volonté de minéralité.
Ses Zelliges, arabesques et autres enjolivures maghrébines auxquelles il est profondément attaché semblent serpenter sans but, jusqu’à ce qu’elles s’allient à d’autres formes, radicalement anguleuses celles-là.
On pense parfois au savoir-faire d’un Moebius ou d’un Giger (pour de parcimonieux soupçons de biomécanique) ainsi qu’à certaines créations de l’art précolombien, on songe alors au savoir-faire toltèque qui mêle avec une habileté toute mathématique circonvolutions et schémas géométriques stricts.
Mais c’est lorsqu’on remarque que ses traits, les tortueux comme les rectilignes, se déplacent deux par deux en faisant à l’occasion preuve d’un parallélisme parfait qu’on se rappelle à quel point Pascal est passé maître dans l’art de pétrir des univers à priori contradictoires.
Parce que, somme toute, Pascal, l’artiste, se risque continuellement à jouer les équilibristes, dodelinant entre le droit et le courbe, la rudesse et la douceur, la précision et l’insouciance, la dureté et la fragilité, l’abstrait et le figuratif...
La terre et l’air?
Certes, le visiteur éprouvera dès le seuil une légere sensation de tangage… Mais qui se métamorphosera rapidement en un sentiment de plénitude…
La même plénitude qu'est supposée ressentir une colonne de balance contemplant ses plateaux proches de la stabilité.
Il suffit alors, une fois cet équilibre atteint, de réexaminer l’imposante œuvre à droite, en rentrant, afin d’y discerner le grouillement de vie et le travail minutieux qu’elle recèle.
Pascal Mayeur « Traversées »
Du 30 mai au 21 juin
Galerie Fracas 50, rue des Capucins, 7000 Mons
Ouvert du mercredi au samedi, de 10h à 13h et de 14h à 18h
Entrée gratuite…
(*) Ceux qui suivent devraient en toute logique se souvenir de l’événement.
Quant aux autres, ils pourront rattraper leur retard spirituel en se recueillant devant la vitre du RHIZ[H]OME 2, 13 rue des Capucins 7000 Mons, il leur sera en effet loisible, à titre exceptionnel, de se prosterner devant quelques objets de culte.
(En vue de préserver l’usage du trottoir dans toute sa largeur, la génuflexion est non obligatoire).
À bientôt ?
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Publié le 1 Juin 2025 par
