Elisa Peter tapisse les murs de « Fracas » d’un savoir-faire multiforme pétri de ressentis divergents / concordants / antagonistes (biffer la mention inutile).
Tout cela mérite amplement une visite, même si celle-ci aboutit inévitablement au questionnement… Au sujet des travaux exposés d’abord, au sujet des autres et de soi-même ensuite.
Le personnage Elisa Peter a quelque chose de touchant, de pétillant, de spontané, qui oscille entre trompeuse folie douce et fausse naïveté…
Sa vision de l’art est proche de celle de sa francophonie… Décomplexée et polymorphe.
Passant de l’Alsace au Canada en transitant par la Belgique, Elisa virevolte de collages en sculptures, de photographies en peintures, de musiques en textes tout en considérant son art comme un sac de confettis proche de l’explosion.
Melting-pot Pot rocambolesque d’impressions contradictoires, ses travaux suscitent non seulement le questionnement, mais aussi et surtout ils éveillent l’intérêt pour d’autres modes de pensée.
En ce sens, la visite aurait tendance à prendre l’aspect d’un trekking idéologique dont l’itinéraire tortueux relierait différents points de vues parfois radicalement opposés.
Fractionnées et contradictoires, d’innombrables interprétations se chevauchent, s’entremêlent s’annihilent en un maelstrom émotionnel qui s’apaise rapidement dès que le visiteur réalise que sa perception, probablement modelée sur base de critères liés aux émotions passées, est unique et lui est propre.
Dès lors que la multiplicité des angles de vues prend du sens, l’expo s’assemble d’elle-même.
Les collages punk, les teintes fifties, la sanctification cynique de l’hypermédiatisation, le cycle lunaire, les découpages graphiques, les écrits divers et les sculptures recyclées gagnent subitement en densité.
D’autant que l’artiste en rajoute une couche en incitant à l’interactivité ainsi qu’en proposant une playlist musicale, celle qu’elle et sa sensibilité propre estiment être en phase avec l’expo.
Et comme il serait dommage qu’un tel magma interprétatif ne s’évapore au contact de la rue, Elisa encourage les gens à figer leurs ressentis sur papier, en fin de parcours… juste avant la sortie.
D’ailleurs, les rescapés de l’ère argentique le savent, après tout séjour dans un bain révélateur, un temps de fixation s’impose…
Au fait, ça tombe bien, il faut qu’on vous dise qu’ Elisa est, entre autres, photographe…
Alors, venez, questionnez-la, questionnez les autres et questionnez-vous.
En ces temps où les convictions à l’emporte-pièce prennent forme et se radicalisent à la vitesse d’un avalage de Big Mac, se pencher sur l’avis des autres devrait être déclaré d’utilité publique.

Elisa Peter « Mélange de joie et de tristesse ».
Galerie Fracas, Rue des Capucins, 50 7000 Mons.
Du 17 octobre au 09 novembre.
Horaires de l'exposition : Mer-Sam de 10h à 13h & de 14h à 18h.
À bientôt ?
_________