Et tout ce bleu où s’égarer...

Chroniques et photos de Daniel Godart

«Pour raconter le Borinage, il a fallu faire silence et se placer au bord des choses.

Faire un pas de côté pour mieux témoigner.

Permettre un nouveau regard tantôt plus âpre, tantôt plus vrai, tantôt plus doux.

Un autre territoire semble se révéler ».

On relit une dernière fois les mots du programme avant d’entrer dans la Maison Culturelle de Quaregnon. On se dit que, ces mots, on se doit de s’en imprégner vu qu’il sera question de prendre du recul, de s’autoriser un nouveau regard et peut-être même de faire table rase des idées reçues.

Le lieu est étonnant, la bâtisse art-déco a tout d’un caisson d’isolation sensorielle, comme si un siècle d’existence avait patiemment secrété autour de ses murs une chrysalide douillette à l’épreuve du temps et du bruit des gens du dehors, ceux qui se meuvent vite et bruyamment.

L’expo, c’est là, à gauche…

Il faut qu’on vous dise qu’ici, on « vit » le Borinage comme si c’était un vieux bassin au fond du jardin, empli de mousse, de lierre, d’eau croupie, de souvenirs…

Des souvenirs de briques moites, de terres sombres, d’appuis de fenêtre où des lampes de mineur et autres bouquets de fleurs en plastique trônent glorieusement, coincés entre la brillance d’une vitre et l’opacité d’un rideau propre.

Des souvenirs radieux, aussi, ceux d’intérieurs solaires emplis d’odeurs de café à la chicorée dégusté sous le tic-tac lancinant d’une pendule ou d’un coucou qu’on remonte en tirant sur une des chaînes.

L’expo c’est un peu tout ça, en bien plus subtil, les évocations ont comme mots d’ordre le sous-entendu et la délicatesse… Devant des décors en déliquescence posent de vraies gens, sans qu’on ne sache trop qui, du sujet ou de la toile de fond, dépend de l’autre…

Une énorme tendresse drape ces personnages aux poses tantôt arrogantes, tantôt spontanées, tantôt naïves, parfois résignées.

Et puis il y a le décorum, outre les photos, il y a les textes et le triumvirat buanderie / salle à manger / « Pièce de d’vant » qui amplifient le ressenti, avec, comme point d’orgue, 13 minutes avec Brigitte, une bande son qui sent bon le morceau de pagnon qu’on mangeait le vendredi après midi.  

De cette immersion au sein d’un univers figé qui hésite entre passé et présent, on sort sous l’emprise d’un sentiment doux-amer où se mêlent la froideur des pavés humides et la chaleur des teintes chamarrées d’un thermos bienveillant.

Dehors, on est à nouveau confronté aux bruits d’une vie qui va trop vitre et on se demande, même si des tons encre s’incrustent dans plusieurs clichés, ce que fiche la couleur bleue  dans l’expo et son intitulé.

Peut-être tout simplement est-ce parce que c’est la couleur du rêve, de la sagesse et de la mélancolie…

Les photos sont d’Anne-Sophie Costenoble, les mots de Fidéline Dujeu  et la capture sonique d’Amélie Kestermans. Et c’est jusqu’au 15 avril.

Pour plus d'infos 

Publié le 28 Mars 2023 par

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