Beatles Day 2023

Les mots qui vont suivre auront pour beaucoup d’entre vous une saveur toute proustienne, le goût doux-amer des instants irrémédiablement perdus qui laissent dans les mémoires les empreintes d’un monde idéal, lisse, à l’image de ces galets que les vagues lustrent, inlassablement, marrée après marée.

La magie de l’événement annuel dont il sera question tient plus du constat que de la nécromancie, on n’y ressuscite pas d’entre les morts des émotions qu’on sait embellies parce perdues à jamais, non, on leur permet, l’espace d’une journée, d’acquérir à nouveau une dimension réelle, palpable, en constatant, la larme à l’œil, à quel point elles sont demeurées brûlantes, présentes, à l’épreuve du temps.

Comme chaque année, nous sommes allés au Beatles Day.

Un peu par habitude, comme avant, quand nos aïeux allaient à la messe le dimanche… Parce qu’il s’agissait, à l’époque, d’un impératif socio-culturel et que c’était une bonne occasion de prendre un bain et de se changer les idées en allant voir des gens.

Comme chaque année, on retrouve (avec énormément de plaisir) des têtes qu’on ne voit qu’une fois l’an.

Comme chaque année, dès l’entrée, il y a aussi les marchands du temple, on y trouve des pressages japonais de Revolver, des interviews de Lennon sur vinyle, des T-shirts, des essuies de vaisselle à l’effigie du quatuor, des dizaines de cageots en plastique plein de disques et de bouquins, un grouillement de petits sous-marins jaunes montés sur roulettes qui surfent entre des mediators multicolores et les images pieuses, à l’effigie du groupe, que les disciples s’arrachent…

11h : Comme chaque année, on prend un café ensemble, parce que c’est gai de se retrouver.

Et puis, le temps passe, il y a les expos, les conférences…Bientôt débuteront les concerts.

Et, comme chaque année également, on pense que notre statut d’adulte responsable revenu de tout nous épargnera de succomber à l’enthousiasme navrant de tous ces gens qui gravitent autour de nous. On les jauge donc du regard  avec un petit sourire ironique…

Beatles par-ci, Beatles par là…

Oh Dear...c’est d’un pathétique…

Jusqu’à ce que…

Jusqu’à ce que les concerts démarrent et que tous ces ensembles, chacun à sa manière, en tout cas réunis par une intersection liverpuldienne commune, n’interprètent à leur façon (ça balance avec allégresse entre hommage académique et joyeux foutoir rockenrollesque) des Penny Lane, Eleanor Rigby, Get Back, Don’t Let Me Down, Paperback Writer, Can’t Buy Me Love, Help, A Hard Day‘s Night, I Feel fine, Twist and Shout et autres Helter Skelter

Oh Shocking… On se rend alors compte qu’on sourit béatement, qu’on danse et qu’on chante à tue-tête des textes qu’on se surprend d’encore connaître par cœur.

Les faits sont là, l’émotion est intacte… On est en 2023 ? en 1965 ?

Peu importe, il est désormais 20 heures, et on a déjà brisé la plupart des échelons de l’escabelle du temps.

Arrive alors l’apothéotique Hey Jude

23h30 : C’est la fin, le silence, le rideau tombe, on se dépêche à filer (à l’anglaise?) avant minuit, tant on est persuadé qu’on s’extirpe à grand peine d’un gigantesque conte et que l’auto pourrait se transformer d’ici peu en citrouille.

Comme chaque année, on y va en se demandant si ces communions d’un autre âge pour ados retraités ont encore un sens, et, comme chaque année, on en ressort ébahi, une larme de joie à peine séchée sur la joue droite et des étoiles plein les yeux.

L’espace d’un journée, le blasé cynique s’est mué en quidam extasié, et c’est comme ça tous les ans, avec, toujours, cette inoxydable intensité…

Une intensité qui va se faire oublier, au fil des saisons, et qu’on retrouvera, intacte, l’automne prochain.

En attendant, on l’avoue...

Mais qu’est-ce qu’on l’aime, qu’est-ce qu’il est gravé en nous, ce satané quatuor.

Merci , les gens du Beatles Day

À l’année prochaine, sans faute.

Cette chronique est dédiée à la mémoire de Bernard D., un ami parti beaucoup trop tôt.

https://beatlesday.eu/

https://www.facebook.com/groups/15025819433

Publié le 27 Septembre 2023 par
daniel godart

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