Tout est prétexte à prendre corps, à créer du texte, à dessiner le récit. L.H. ne récite pas des prières connues, ses croyances sont soutenues par une trinité : la nature, le monde intérieur et l’Homme. Le geste créateur, celui qui est à l’origine de tout, du tout, est celui qui tout de suite nous parvient. Celui qui manœuvre des allers-retours entre le lisible et l’invisible. Les couches de peintures sont le lit, la couche, le lieu où l’on peut entendre le bruit de la rencontre entre le ventre du pinceau* et la peau de la toile. Glisser, frotter, tapoter, s’y glisser, étirer la matière picturale sur le panneau de bois, en force, frôler la présence, le temps de la séance à l’atelier.
C’est l’œuvre qui impose la dose de couleur, l’artiste agit, réagit, régit l’osmose. « Osmose » est ici compris dans son sens figuré. De figuration il en est question tout au long de cette exposition fabuleusement nommée « Croyance Païenne ». L. H. crée ses fables, ses propres croyances. L. H. croit en l’Homme, ce « en », qui marque un abandon plus confiant que croire « à », une adhésion, souvent du cœur, pouvant entrainer un comportement moral ou même religieux*. Il croit en tout ce qui est sensible, en tout ce qui n’a pas été façonné par l’homme et tout naturellement, la feuille, le bourgeon, l’arbre, le nid, ...
Comme l’artiste l’exprime si justement « j’écris par le pinceau, ma propre croyance, des mythes et des légendes ». Il écrit, nous lisons, la peinture incarne ce trait de liaison. « Par » le pinceau indique un intermédiaire, un objet indispensable et par-delà le besoin de s’exprimer, où l’artiste franchit un espace, une durée, en dépassant une limite, un au-delà.
Il peint/Nous regardons, et si tu ne vois pas, cherche en toi ! L.H. nous prie de trouver notre propre vérité. Un écho parvient au visiteur « La vérité que cherche l’œuvre d’art, c’est la vérité universelle de ce qui est singulier » (Michel Deguy). Les images deviennent, les mots nous parviennent, vecteurs de la liberté d’expression.
Véritable coup de cœur pour les bois gravés et peints intitulés « Totem », ces objets rituels qui donnent à lire des emblèmes, des signes conventionnels. Le peintre-graveur bouscule nos conventions par des formes non conformes qui redessinent nos propres symboles.
Cette religion est véritable, ces croyances païennes existent puisqu’elles vivent en lui. Lui, Luc Herbint, (Herbin et sa variante Herbint) ancien nom d’origine, issu du vieux français herbe, issu du latin herba, « plante en général », à rapprocher de lieux-dits autrefois caractérisés par la présence de prairies, de pâturages particulièrement abondants.
*ventre du pinceau : la touffe du pinceau est l’élément principal du pinceau. Elle varie en forme et en « ventre », c’est-à-dire en sa capacité à retenir du liquide, en fermeté.
*Définition issue de l’Académie française.
Croyance païenne, L.H.
Luc Herbint, à la THANKS Galerie
Rue des Fripiers 22 – Mons
Ouvert du jeudi au samedi de 10h à 18h ou sur rdv