Le petit oiseau va partir...

Chronique et photos de Daniel Godart

C’est la vie, c’est comme ça, avec le temps des choses disparaissent, les librairies par exemple… Et comme la littérature c’est aussi de la culture...On s’est dit qu’on devait en parler sur Septmille.

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Tout commence par une histoire…Celle d’une petite ville qui rêvait d’être grande. Alors, afin d’y parvenir, elle fait ce que toute ville fait, elle se boursoufle. De turgescences universitaires en tumescences urbanistiques, elle gonfle, inexorablement. D’aucuns disent que c’est normal, que c’est la vie, que c’est dans l’ordre des choses.

A ce jour, la cité a désormais presque tout d’une grande… Il lui manque juste un peu de philo et quelques lettres… Car si elle dispose d’un nombre appréciable de facultés économiques, scientifiques, d’arts plastiques et de droit, elle n’a aucun campus à vocation purement philologique.

Une ville où la littérature n’a pas droit de cité ? Pas tout à fait… Autant l’implantation d’un magasin d’accessoires de ski à Blankenberge semble incongrue, autant on est en droit de s’interroger quant à l’utilité d’une ou même plusieurs librairies dans l’intra-muros d’une grosse bourgade qui, entièrement focalisée sur son essor urbanistique, en a oublié les Belles-Lettres. Ce serait pourtant sans compter sur la pugnacité d’un nombre, pas si négligeable que ça, d’irréductibles amoureux du support papier. L’espèce existe encore, on en a rencontré quelques spécimens.

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Véronique et Bernard par exemple… Ils ont fait le choix il y a un peu moins d’un demi-siècle de créer un espace, une bulle de rencontre, une oasis extra-temporelle où le vacarme hystérique de l’instant présent s’assourdit, phagocyté par d’épaisses murailles d’ouvrages… C’est ça, l’effet « Oiseau-Lire ».

Il suffit de poser la main sur le pommeau en laiton de la poignée de porte pour que Bernard, Véronique, un des chats et la chaleur apaisante du convecteur au gaz vous accueillent. C’en est terminé du bruit de la rue et des pavés gluants, un autre monde prend forme. Celui des songes, des pensées, des réflexions, un monde feutré où l’on peut tenter de refaire l’autre, celui du dehors, le moche…

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Parce que oui, les bouquins aussi, vivent...
D’ailleurs, parfois, arrivé en mi-boutique et si on y prête attention, il se peut qu’on entende les ouvrages chuchoter. Un bon mot d’Aristote, quelques vers d’Alfred de Vigny, deux ou trois phrases acides de Truman Capote, le rire graveleux du Professeur Choron sorti de la couverture d’un vieil Hara-Kiri…

Une foultitude de bruissements silencieux s’emparent des sens, on se surprend à naviguer entre savoir et imaginaire, entre académique et extravagant… Eh oui, il y a un peu de tout ça dans la magie des livres.

Mais au fait, pourquoi s’inquiéter du sort d’une petite ville à peine visible sur un planisphère ? Tout simplement parce que c’est la nôtre, et aussi parce qu’après plusieurs décennies de bons et loyaux services, Véronique et Bernard rendent leur tablier et que la Wallonie voit également disparaître, les uns après les autres, ses refuges bouquinistiques.

De fait, il y a un temps pour tout, y compris pour la retraite. Que ceux qui les connaissent se rassurent, Véronique et Bernard vont bien. Le 31 décembre 2022, ils condamneront à jamais la poterne de l’antre. Et ce sera tant pis pour nous.

On avait pensé soumettre Véro et Bernard à une interview bourrée de questions décalées… On ne l’a pas fait, on persiste à penser que des personnages pareils valent bien plus qu’un assemblage de mots figés dans un petit article. Allez les rencontrer, c’est bien mieux, poussez-la donc, cette foutue porte.

Dans quelques mois L’oiseau-Lire n’existera plus, la vénérable façade abritera probablement un night shop, un salon de tatouage ou un comptoir à donuts, encore une fois, on n’y peut rien, c’est dans l’air du temps… N’empêche, pour beaucoup d’entre vous, ne pas y avoir été sera probablement vécu comme un regret. Un acte manqué, en quelque sorte. Et puis, tant qu’à faire, achetez un livre aussi, vous verrez, c’est chouette la lecture…

« Un vieillard qui meurt, c’est une bibliothèque qui brûle » dit un proverbe africain. On n’a pas trouvé d’équivalence pour une librairie qui ferme. C’est bien dommage.

Bonne retraite les amis… Pour les autres, il vous reste onze mois.

Libraire « L’Oiseau-Lire » . Rue du Hautbois, 36, 7000 Mons    +3265/312873

http://www.loiseaulire.com/

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